Repas nocturne ?.. [PV. Maide]

Mon errance à travers les terres étonnantes de Dolce Empired me mena, cette nuit-là, à une fontaine dans une clairière à l’herbe tendre. Je levai doucement la tête pour fixer mon regard d’ambre sur ma fidèle amie et compagne, la lune. Ce soir, elle s’affichait dans toute sa splendeur sous la forme d’un cercle parfait, accompagnée de centaines d’étoiles, perçant l’obscurité et rendant la nuit claire. Une brise fraîche agitait par intervalles mes crins immaculés et les feuilles des arbres autour.

Me délectant de la solitude et du silence quasi total régnant dans l’endroit, je m’approchai à une allure mortelle de la fontaine au doux clapotis. L’eau en était d’une pureté effarante, aussi translucide que l’air. M’ébrouant doucement, je passai par dessus le rebord de pierre de la fontaine aux eaux claires pour un bain nocturne. L’eau m’arrivait à peine au ventre, mais la sensation du léger courant glaciale sur mes membres était fantastique. Soupirant bruyamment, je m’étendis au fond du bassin de pierre, la masse de mon corps créant un lourd ‘splash’ en heurtant la nappe d’eau.

Satisfait, je prêtai oreille à la nature endormie aux alentours. Couvrant les bruits furtifs de petits animaux nocturnes, je captai le son de sabots s’approchant de ma location. Un équidé ? Comme pour me le confirmer, la brise se leva de nouveau en provenance de la direction des pas, apportant à mes naseaux les effluves d’un cheval, ou plutôt d’une jument, à l’odeur appétissante. Cela faisait si longtemps que je ne m’étais pas régalée au sang délicieux d’un cheval… et je me savais impossible de résister cette fois.

La senteur appétissante de la jument approchant fit parcourir un léger frisson à travers mon corps entier, réveillant la soif au creux de ma gorge. Sans faire aucun bruit, je me levai lentement, adoptant une position debout dans l’eau, dos à la provenance des pas et, en silence, j’attendis le cheval à l’odeur alléchante.

Les quelques instants d’attentes me semblèrent des années, alors que la jument s’approchait à une vitesse mortelle de la fontaine, mais je me forçai à rester immobile. Le jeu ne serait que plus amusant si elle venait d’elle même à moi. Mes muscles se tendirent alors que je humais l’air, son odeur se faisant de plus en plus enivrante dans l’air frais et pur de la nuit et je me pris à imaginer plus d’une fois le gout que son sang aurait dans ma bouche, la sensation du liquide chaud dans ma gorge qui se faisait de plus en plus sèche dans l'attente de mon repas...

J’attendis impatiemment que la jument s’approche et m’aborde, comme le faisaient souvent les mortels, m’offrant l’occasion de planter mes dents dans leur encolure et de me régaler de leur sang rouge et chaud… Mais celle-ci semblait, étrangement, hésiter à venir à moi. Pour une quelconque raison, elle semblait me craindre. J’entendis ses pas hésitants s’arrêter à une dizaine de mètres de moi. Furieuse, je sentis mes muscles se tendre, si peu qu’aucun cheval mortel n’aurait pu le détecter. Que se passait-il ? Bien sûr, j’aurais pu lui bondir dessus et la vider de son sang, étant tellement plus rapide qu’elle, mais je perdrais de ce coup le plaisir du jeu, de la chasse.

Cherchant à l’attirer plus près, je m’ébrouai doucement, projetant des gouttelettes d’eau froide de tous sens, et poussai un hennissement chaleureux, invitant. Puis, je m’allongeai de nouveau dans l’eau, me roulant doucement au fond du bassin.

Il m’était de plus en plus difficile de me retenir, la soif au creux de ma gorge se faisait de plus en plus insupportable à chaque seconde. Si la jument ne se décidait pas à bouger, il me serait bientôt impossible de me retenir de lui sauter à la gorge. Pour couronner le tout, le vent, mesquin, décida de projeter encore une fois l’odeur alléchante vers moi.

Les yeux mi-clos pour que la couleur de mes yeux ne soit pas distinguable dans la nuit, je regardai par dessus mon épaule et, ma vision supérieure perçant le peu d’obscurité avec aise, j’observai brièvement la jument : une appétissante pie brune et blanche qui me fixait d’un air hésitant.

« Bonjour » fis-je de ma voix la plus douce, contrôlant avec succès la tension dans ma voix.